Autoportrait en spirale (en l’absence de modèle)

Depuis plus d’une décennie, Vincent Michéa a poussé dans ses derniers retranchements le thème de l’autoportrait, de toutes ses forces, avec les outils qui étaient à sa disposition:
le graphisme introspectif à l’école de Roman Cieslewicz, la photographie, la peinture enfin
poussée jusqu’à l’usure, au bout de ses « Ennuis » une dilution totale du motif. A ce jour, le modèle s’est absenté, il avait besoin de vacances alors le peintre reprend à zéro, au degré zéro de la peinture ; simplement reproduire pour « designer ».
Ainsi commence « Belle Epoque », série de reproduction de pochettes de disques de sa collection personnelle. Au final, ce travail de peinture dévoile, raconte beaucoup plus sur les états d’âme, la vie, les amours du peintre que toutes les séries précédentes.
Faisant œuvre de conservateur, il met en lumière les concepteurs souvent anonymes de ces pochettes de disques. Le peintre est libéré pour quelques instants du poids des acquis, des références, seul reste le geste de la main, la pratique.
Par-delà ces détails techniques, « Belle Epoque » est un hommage à 40 ans de musiques populaires en Afrique Noire francophone, nées dans l’effervescence des indépendances, pour Vincent Michéa, le Sénégal de son cœur, le Congo de ses rêves…Une géographie à danser ou La Havane est voisine de Dakar et Kinshasa.
(Auto)portrait toujours, celui en forme de spirale de 45t ou de 33t. Ce portrait, c’est une des premières images (une affiche, je crois) que j’ai vu de Vincent Michéa, c’était à la fin des années 80 et le Grand Maître Franco et son Tout Puissant OK Jazz étaient encore vraiment en colère.

Pascal Oriol . Paris Septembre 2004

 
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